Les Archives de Joe

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Alberto Vargas, l'apogée des Pinups

Alberto Vargas, l'apogée des Pinups

09 novembre 2017 09:16 - Lu 4126 fois

Alberto Vargas, né le 9 février 1896 au Pérou, et décédé à Los Angeles le 30 décembre 1982, est l'un des dessinateurs de Pinups les plus réputés du 20ème siècle. Fils d'un photographe de renom, Max Vargas, il assiste très tôt son père et apprend ainsi diverses techniques liées à la photographie, ou l'utilisation de l'aérographe par exemple.

En 1911, alors âgé de 15 ans, Alberto Vargas part faire ses études à Zurich et Genève, mais son passage par Paris va le marquer profondément : accompagné par son père, il découvre le magazine "La Vie Parisienne" et les couvertures sensuelles de Raphael Kirchner. Il reste quelques années en Europe, en Suisse pour ses études, puis en Angleterre par la suite, auprès d'un photographe Londonien, avant d'être obligé de quitter l'Europe à cause de la 1ère guerre mondiale, en 1916, comme de nombreux artistes (dont Kirshner, parti 1 an avant).

Ayant prévu de rentrer au Pérou, son passage par New York va en fait complètement changer sa vie : frappé par la grâce et la sophistication des américaines, il décide de consacrer sa carrière à leur beauté.

Alberto Vargas


Alberto Vargas - Pinup 1919
Alberto Vargas - Pinup 1920


Alberto Vargas s'installe donc à New York et débute alors une carrière d'artiste freelance, dessinant des illustrations pour quelques compagnies diverses, avant d'être repéré en mai 1919 par les Follies Ziegfiels (une série de productions théâtrales créées par Florenz Ziegfeld, qui se tiendront de Broadway à New York, de 1907 à 1931, inspirées des Folies Bergères parisiennes. A noter que Kirchner travaillera aussi pour Ziegfeld jusqu'à sa mort en août 1917), afin d'y peindre les portraits des principales danseuses. Et des portraits de stars, il va en réaliser énormément (Billy Burke, Nita Naldi, Marilyn Miller, Paulette Goddard, Ruth Etting, Eddie Cantor, ...). Pourtant, il n'a d'yeux que pour une seule d'entre elles, Anna Mae Clift, qui ironiquement travaille pour une autre troupe, la Greenwich Village Follies. Elle sera sa muse, dès 1917, et ils ne cesseront de se fréquenter. Durant les années 20, tout va donc pour le mieux pour Alberto Vargas. En 1927, il participe même aux illustrations pour un film de la Paramount, "Glorifying the American Girl",  une comédie musicale produite par Ziegfeld lui-même. Un film de l'ère "pré-code", qui contient donc diverses scènes dénudées qui seront par la suite coupées lors des diffusions télévisées (près de 10 minutes).


Le krach boursier d'octobre 1929, et la grande dépression qui va frapper les Etats-Unis, vont cependant changer bien des choses. Le statut d'indépendant de Vargas devient précaire, et comme nombre d'artistes, sa situation devient bien compliquée. Heureusement pour lui (et pour Anna Mae qu'il finira par épouser en 1930), il a conservé quelques bons contacts avec le milieux d'Hollywood et travaille alors pour divers studios, dont la 20th CenturyFox ou la Warner.

Entre illustrations et posters, il va réaliser les portraits de quelques stars, parmi lesquelles on peut citer Shirley Temple, Greta Garbo, Ann Sheridan, Linda Darnell, Ava Gardner, Jane Russell ou encore Marilyn Monroe !

Alberto Vargas - Ava Gardner

1939 est une année décisive pour Alberto Vargas. Outre le fait qu'il devienne citoyen américain, il participe avec d'autres artistes à un mouvement de contestation des conditions de travail ou des salaires en place. Cela lui vaudra de ne plus pouvoir travailler directement avec ce milieu. Sans emploi, il retourne à New York tandis que sa femme reste en Californie. La chance est cependant de son côté : il reçoit une invitation du magazine Esquire et rencontre son éditeur, David Smart, à Chicago. Il est en fait directement embauché en remplacement de George Petty, autre dessinateur de pinups de renom qui avait pourtant un contrat pour encore 2 ans. La "Varga Girl" (le 's' final de son nom ayant été retiré sur demande du magazine) remplace alors la "Petty Girl".

En 1940, son calendrier annuel va être un immense succès, surtout auprès des troupes militaires américaines. Les nouvelles pinups de Vargas (Betty Grable, Alice Faye, ...) se retrouveront partout en Europe. Il devient mondialement connu et se retrouve pendant quelques années plongé à la fois dans le travail et un succès sans limite. Cependant l'aventure prend fin en 1946, étant en désaccord avec les termes du renouvellement de son contrat. Il attente un procès qu'il perd en appel, et ce faisant, il perd aussi tous ses droits sur les "Varga Girls". Il continue tout de même à sortir des calendriers, sous son propre nom à partir de 1950, et réalise nombre de travaux sur commandes.

Alberto Vargas - Vargas Girl

La fortune va cependant à nouveau lui sourire en 1957, via un magazine encore tout jeune : Playboy ! Le magazine publie en effet un article illustré sur les nus de l'artiste, article qui va attirer l'œil de son illustre patron, Hugh Hefner. Après un voyage à Lima, au Pérou, pour une exposition de ses peintures qui aura un grand succès, Alberto Vargas et sa femme sont invités directement par Hugh Hefner.  Ce dernier va découvrir une collection de nus artistiques totalement inédites.  Hefner est conquis et la "Vargas Girl" va désormais paraître mensuellement  dans Playboy à partir de 1960. C'est plus de 150 illustrations que Vargas va alors dessiner durant toute une longue et faste période, jusqu'en 1974... l'année de la mort de sa femme. Une perte immense pour lui qui va lui faire perdre le goût du dessin et même de la vie. Sa dernière principale participation sera pour un artbook retraçant son œuvre et sa biographie, en 1978, dont il fera la promotion en Amérique et Europe, accompagnés de sa nièce et de son neveux. Alberto Vargas meure à Los Angeles le 30 décembre 1982, à l'âge de 86 ans.


Alberto Vargas - Playboy
Alberto Vargas - Playboy
Alberto Vargas - Playboy
Alberto Vargas - Playboy


Il laisse derrière lui un immense héritage, de plusieurs centaines d'œuvres, qui inspirera de nombreux autres artistes, et en inspire encore aujourd'hui. Plusieurs ouvrages lui ont été dédiés au fil des ans et on trouve également nombre de ses illustrations sur internet. Un immense talent à (re)découvrir sans attendre.





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