Jean-Claude Van Damme, ou JCVD pour beaucoup de monde (et pour simplifier).... Inutile de présenter l'acteur belge, aussi célèbre pour ses films d'actions et son fameux grand écart facial, que pour ses phrases totalement WTF, je pense que tout le monde le connais ^^ Alors pourquoi Kickboxer en particulier ? Déjà parce que c'est un des films de JCVD qui dans mes souvenirs, était plutôt pas mal, mais aussi parce qu'en 2016 est sorti "Kickboxer : Vengeance", un remake du film original. L'occasion du coup de revoir le premier et de découvrir sa pâle copie, car il faut bien le dire, le remake de 2016 ne tient pas vraiment la comparaison. Petit retour sur un classique du genre des années 80...
Présentation
Kickboxer réalisé par Mark DiSalle et David Worth, est sorti en septembre 1989 aux Etats-Unis, après deux ans de tournage (dont 2 mois en Thaïlande), ce qui fut bien plus long que prévu et a aussi coûté un peu plus que prévu initialement. Le film sera toutefois un succès commercial, Van Damme s'étant fait un nom l'année précédente avec le très réussi Bloodsport, mais aussi critique ce qui est assez mérité au vu du résultat. Alors certes, Kickboxer n'est pas un film parfait, loin s'en faut, mais il reste tout de même un bon moment de cinéma-baston et est réussi sur pas mal d'aspects. Rappel du synopsis pour commencer :
Eric Sloane, champion du monde en titre de kick-boxing, voyage avec son frère Kurt en Thaïlande, afin d'y affronter Tong Pô, le champion local. Kurt, qui fait office d'entraîneur pour son frère, découvre juste avant le combat que Tong Pô est probablement bien plus fort qu'Eric. Il essaye de faire abandonner son frère, en vain, et hélas le combat tourne mal : Eric est gravement blessé et laissé pour mort. Il est tout de même emmené à l'hôpital avec l'aide de Winston Taylor, un compatriote américain, mais le bilan est sans appel : Eric a la moelle épinière sectionnée et il restera définitivement paraplégique ! Fou de rage, Kurt veut alors se venger. Sur les conseils de Winston, il part apprendre le muay-thaï auprès de Xian Chow, un ancien maître vivant en ermite loin de tout...
Van Damme, entre la fin des années 80 et toutes les années 90, c'était l'un des acteurs incontournables en terme de bastons et grands coups de tatanes, sans oublier bien entendu le grand écart facial, marque de fabrique de l'acteur (et combien de gamins s'y sont essayé par la suite dans leur chambre, hein... ? lol ^^ ) ! Bloodsport, Kickboxer donc, Full contact, Double impact... puis Universal Soldier, Timecop... On ne compte plus les titres, avec du bon et du moins bon, il faut quand même bien le dire, mais c'était comme tous les films avec Stallone, Schwartzy, Willis ou autres Gibson : du divertissement / action que l'on regardait avec un plaisir plus ou moins coupable et plus ou moins assumé. Et encore, quand je parle de "bon/moins bons", c'est bien entendu par rapport au style de films et à l'époque, remettons tout ça dans le contexte et ne comparons pas trop avec des productions d'aujourd'hui (encore que...).
Classique mais efficace...
Le thème principal est donc ici la vengeance d'un frère, qui va s'entraîner durement pour un combat final. Un thème ultra classique au premier abord, avec le gentil héros un peu naïf qui va vaincre le grand méchant à la fin. Mais le film ne se contente pas de poser des scènes de combats ou d'entraînements. Il insiste finalement bien plus sur les personnages en eux-mêmes, sur leurs motivations, leurs évolutions... A la fin, beaucoup en effet auront évolué ou changé après cette rencontre. Alors oui, on a tout de même une panoplie de personnages assez stéréotypés avec le bon héros, le maître un peu spécial ou le méchant très très méchant... Mais quand ces rôles, même s'ils sont classiques et stéréotypés, sont bien campés, et bien ça fonctionne. Et là, dans Kickboxer, ça fonctionne même très bien !
Le film de 1989 prenait le temps dans son premier quart d'heure de poser le personnage d'Eric Sloane, qui même s'il n'est pas le héros, se trouve tout de même bien traité et permet de bien poser la base de tout ce qui suivra. Sa paralysie suite à sa défaite, et le fait de le retrouver en chaise roulante, serviront à la fois de touche dramatique et de piqûre de rappel pour Kurt, mais aussi une inversion des rôles lorsque Eric essaiera à son tour de convaincre son frère de ne pas aller combattre Tong Pô.
Kurt Sloane, joué par Van Damme, nous présente diverses facettes tout au long du film. Au début c'est le gentil gars qui se retrouve soudainement frappé par le drame de son frère. Et puis il va évoluer au fil du temps, son entraînement restant dans pas mal de mémoires de ceux qui ont vu le film à l'époque, notamment la fameuse scène où il doit casser un bambou avec la jambe... Il évolue physiquement, mais aussi mentalement en prenant de l'assurance petit à petit. Van Damme, encore bien jeune, tient en tout cas très bien le rôle, plein de bonne volonté et de sincérité. Que l'on aime ou pas l'acteur belge, il faut reconnaître que dans ses premiers rôles, il donne de sa personne et s'investit réellement.
Tong Pô... Pour avoir un bon héros/gentil, il faut obligatoirement en face un bon méchant. Et bien dans ce Kickboxer initial, on a un pur bad-guy, aussi bien en termes d'acteur que de mise en scène. Michel Qissi, qui incarne donc Tong Pô, et qui a réellement appris le Muay Thai en Thaïlande, est impressionnant dans le rôle (le maquillage aidant pas mal), avec son faciès de tueur fou, et lorsqu'il s'avance, bras en l'air, droit sur un adversaire, on sait que ça va faire mal. Froid, sans émotion, il est en quelque sorte une machine à tuer à la Terminator, et cela est renforcé par le fait qu'il ne parle pas, à une exception près. Le personnage, dans sa simplicité glaciale, s'avère au final très convainquant et réussi.
Les autres personnages principaux ne sont pas en reste : Xian Chow est un entraîneur à la fois typique dans son élément naturel et un peu bizarre sur les bords. L'archétype du vieux maître asiatique, avec un petit grain en plus. On ne pourra s'empêcher de penser à un maître Miyagi (Pat Morita) dans les divers Karate Kid, évidemment, mais avec ici un sens de la dérision en plus assez amusant. Winston Taylor apparaît quand à lui au début du film en tant que simple spectateur, mais malgré son envie de ne pas se mêler des affaires des autres, il va tout de même aider Kurt. Il a un peu le rôle du sidekick, mais pas trop déconnant tout de même. Ancien militaire, il prend du bon temps comme il peut dans divers bars avec danseuses pour essayer d'oublier une blessure "morale" en lui : ne pas avoir été là pour un ami lors de la guerre. Aider les frères Sloane sera finalement sa rédemption. Winston, c'est au final le personnage sympa qui sert de lien entre les divers autres principaux protagonistes, tout en ayant sa propre histoire. Et il y a enfin Mylee la nièce de Xian, jolie jeune femme un brin indépendante dont tombera amoureux Kurt, et qui aura aussi son propre drame.
Le film original propose aussi une ambiance très réussie avec ces décors naturels de la Thaïlande, la découverte de l'aspect "ville" en premier, avec ses animations et autres bordels (n'ayons pas peur des mots) puis toute la nature, ces paysages antiques, ses ruines et le combat final qui se déroule selon l'ancienne coutume avec le verre pilé... Toute une ambiance plus mystique par moment (avec l'aigle, symbole de... beaucoup de choses en fait), soutenue par des belles musiques bien dans le ton (qui tranchent nettement avec quelques chansons pop qui aujourd'hui prêtent à sourire, il faut bien le reconnaître). En parlant de combat final, c'est peut-être le seul point un peu mal fichu du film : à partir du moment où Kurt n'est plus contraint de se retenir, le combat est à sens unique, au point que Tong Pô apparaît totalement écrasé, et ce en quelques secondes, ce qui parait incompréhensible.
Kickboxer : Vengeance - Le remake de 2016...
Je précise qu'en général je n'aime pas trop perdre mon temps à casser un film que j'ai pas aimé ou que je considère sans grand intérêt, je préfère le passer (mon temps) justement à écrire sur des choses qui m'ont plu. Mais pour mieux comprendre pourquoi je trouve le Kickboxer de 1989 finalement très réussi, il m'apparaît intéressant de parler (un peu) de ce remake qui lui n'arrive jamais à se démarquer et s'avère au final assez décevant.
Pour résumer le début du film : on débute directement avec un Kurt qui intègre anonymement le centre d'entraînement de Tong Pô pour essayer de le tuer un peu plus tard en pleine nuit, comme ça, avec un flingue... Ok... Ce n'est que via un flashback que l'on découvre sa motivation avec son frère tué (cette fois-ci) lors d'un combat face à Tong Pô, quelques temps auparavant. Remis à la police locale puis libéré, il va alors aller s'entraîner avec maître Durand (JCVD)...
Alors déjà, on a un casting franchement moins inspiré, il faut bien le reconnaître, avec en plus des rôles qui sont figés et hélas peu intéressants. Le "nouveau" Kurt (Alain Moussi) est sympa, avec une bonne tête, le physique qui va bien pour le rôle... mais son jeu d'acteur est très limité et au final, il se fait surtout voler la vedette par JCVD ! L'acteur belge joue ici le rôle de l'entraîneur, mais un rôle qui empiète bien de trop sur les autres, hélas. Alors certes, il fallait bien rentabiliser son cachet, mais 3 scènes d'actions au moins avec lui sur la durée du film, c'est au moins 2 de trop. Il cabotine tout comme l'avait fait par exemple un Christophe Lambert dans Mortal Kombat, mais ce dernier restait à sa place. Là, on sent clairement qu'il tire la couverture à lui. Plus ennuyeux, Dave Bautista, tout auréolé par son rôle de Drax dans Les Gardiens de la Galaxie, ne brille pas des masses ici en Tong Pô. Il a peut-être la carrure, mais hormis ça, il n'est nullement impressionnant, et pour moi cela relève d'une erreur de casting. Je passe sur la fliquette de service sans aucun charisme et qui ne sert à rien du tout, ou sur Eric Sloane, qui n'est évoqué qu'en flashback, mort dès le début du film, et dont on ne s'intéresse pas du tout au final. Pour ce dernier, ceci dit, l'acteur Darren Shahlavi est décédé pendant le tournage. Peut-être qu'il aurait eu plus de scènes (j'avoue ne pas avoir cherché à savoir), mais ce point là mis à part... et bien on a aucune empathie pour tout ce petit monde ! Il n'y a pas d'ambiance posée, il n'y a que peu d'évolution dans les personnages, je ne parlerais pas du combattant sidekick de Kurt qui ne sert à rien non plus, et encore moins de la pseudo romance avec la femme-flic qui est balancée gratuitement comme ça sans presque aucun préliminaire.
Les personnages ne sont pas travaillés, l'ambiance est plate et aucune mise en scène ou moment vraiment marquant ne vient sauver tout ça. Le film original misait bien plus sur les personnages et sur l'ambiance globale, avec en plus quelques moments assez marquants. Là, on a juste un film d'action basique, sans ambition, qui enchaîne les scènes et mise sur le nom de Van Damme (et peut-être Bautista dans une moindre mesure), rien de plus. Assez décevant donc, et qui rend d'autant plus intéressant son illustre aîné.
Scènes iconiques
Je vais revenir sur les 2 scènes iconiques du Kickboxer original pour évoquer la différence de traitement assez énorme qu'il y a entre les 2 films.
En premier l'apparition de Tong Pô : dans le premier film, on découvrait le futur adversaire d'Eric très lentement, faisant monter la tension petit à petit. Juste par du son au début. Des coups sourds, énigmatiques, entendus par Kurt parti chercher de la glace, et qui, horrifié, découvrait le "monstre" que son frère allait affronter. Lentement la caméra nous approchait de Tong Pô, de dos au début, en train de taper contre un pilier avec sa jambe, dans un pièce grise en sous-sol, seul, telle une bête féroce en cage. Un seul regard un peu fou, un seul geste de Pô pour signifier qu'il allait écraser son adversaire... Une véritable apparition du bad-guy du film dans toute sa puissance pour une scène très réussie et marquante. Le personnage de Tong Pô était posé avec force pour le reste du film. Dans le remake, on a au contraire une première apparition complètement opposée : Tong Pô apparaît cette fois-ci sur l'aire d'entraînement locale, autour d'un feu de camp, aux yeux de tous, pour faire une démonstration de quelques coups pour briser un poteau... et c'est tout. Car ce n'est même pas pour combattre qu'il apparaît mais juste pour assister à d'autres combats. Une apparition vide de tension qui ne pose absolument pas le "méchant" du film...
La seconde scène du film de 1989 dont tout le monde doit se souvenir, c'est lorsque que Xian Chow demande à Kurt de "casser" un arbre/bambou avec la jambe. La scène est en 2 temps : en premier, après une série de coups, Kurt s'arrête car commençant à avoir sérieusement mal à la jambe. Xian, après avoir fait mine de le renvoyer, lui rappelle pourquoi il est là (venger son frère), ce qui déclenche la colère de Kurt qui va retaper de plus belle contre le bambou pour le casser. On avait déjà mal pour Kurt avant la pause, mais je suis certain que plus d'un spectateur a du serrer les dents à la reprise. Outre l'aspect physique de la démonstration, c'est bien le mental de Kurt, que vise Xian. Une bonne partie de son entraînement est basé sur le mental, et ce n'est pas pour rien qu'il fait aussi s'entraîner Kurt dans la vieille cité en ruines, afin que petit à petit il ressente ou entende les échos du passé. En plus de décors réels magnifiques, il y a une forte mise en relation entre le physique et l'esprit... chose qui a totalement été perdue dans le remake. Dans la version 2016, l'essentiel de l'entraînement est physique, et en plus ne dure pas très longtemps. Et la scène où le Kurt 2016, se voit réveillé en pleine nuit pour être frappé sur les jambes pour "endormir les nerfs", et sans autre motivation, la rend juste anecdotique au final. On a aussi quelques coups dans des bambous, mais hormis le clin d'oeil, c'est totalement gratuit. Le remake a perdu tout cet aspect "ancestral" et mental, au profit de plus de muscles, ce qui est bien dommage.
En conclusion, revoir ce Kickboxer original a été très sympathique. Ce n'est clairement pas un film majeur dans l'Histoire du cinéma, mais il comporte à peu près tous les bons ingrédients de ce genre de films que l'on avait à cette époque, sans faire d'excès, sans chercher à faire dans la surenchère inutile, mais en regroupant divers éléments qui à l'arrivée vont bien ensemble. Certains auront sans doute des avis moins positifs, avec des arguments sans doute très valables, mais il n'empêche que dans le genre baston teinté d'arts martiaux (j'ai bien dit "teinté", rien de plus), Kickboxer a une place de choix qui n'est pas usurpée.
Wikipedia pour quelques précisions